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jeudi 31 janvier 2013

DJANGO UNCHAINED

DJANGO Unchained

de Quentin Tarantino / Western / 2h44mn / 16 janvier 2013            (En salles)




Synopsis

Dans le Sud Américain, deux ans avant la guerre de sécession, un chasseur de prime, allemand, Dr King Schultz, affranchi un esclave, Django, afin de l'aider à reconnaître les truands qu'il recherche.
Les deux hommes se lient d'amitié et font finalement équipe pour retrouver et libérer Broomhilda, l'épouse de Django, détenue par un esclavagiste tristement puissant, Calvin Candie...


Commentaires

La claque !

Le nouveau Tarantino déboule sur les écrans et nous bombe la face !

Western Spaghetti, situé 2 ans avant la guerre de sécession, Django est le nouveau vaisseau hybride de Mr Q.
Traiter l'esclavagisme par le prisme d'un western d'influence Leonienne fallait être couillu...
Résultat? A la hauteur des espérances... Django défonce tout sur son passage !!!



Vers l'infini et au delà.

Pendant des années j'ai lu et entendu que QT était LE pur produit du melting pot cinéphilique américain.
Un Nerd du cinéma de genre.
Le résultat de l'amour du cinéma d'exploitation, du télescopage et de la fornication du western au kung-fu, de la blaxploitation au bis, des films asiats au Rape and Revenge, de Fuller à Scorsese, de l'horreur à Godard (ni voyait pas d'association...quoique !?)...

Ses premiers films, « Réservoir Dogs » au cultissime « Pulp fiction », étaient lardés de ces influences et de cette générosité Bigger than Life.
Blindé de cette touche perso, ce flow de dialogues In et Off screen qui le caractérise, QT avait, alors, déjà déballé le paquet.

Alors, Vrai : Quentin est sous influence.
Et, Vrai aussi: Il est, et, a son propre Style.

Un style, pour mémoire, souvent non linéaire, focalisé sur la petite histoire, donnant de l'importance à des scènes et des dialogues du quotidien, filmant la violence comme elle est : pornographique.
Alors oui, ça gicle ! (Mouhahaha!) Mais, ça reste laid !

Quentin influencé ! Quentin transcendé !

En décidant, depuis « Inglourious Basterds », d'insérer ses récits dans la grande histoire, Quentin Tarantino a su mettre de côté, avec « Django », certains tics de geek, resserrer sa réa, son script sur... son réel sujet: la revanche d'un black sur l'esclavagisme.

Dans « Django unchained » impossible de ne pas considérer, et, du coup, contempler cette face immergée de l 'iceberg.
Cet énorme travail de recherche et cette sérieuse prise en main d'un sujet, que dis-je, du sujet qui ne tolère point l'à peu près dans l'Aventure (avec un grand A).

Une Aventure a laquelle QT a mis, à disposition, tout son talent...



Tarantino et Django sont libres

« Django  Unchained » est un vrai western. Rude, âpre et sec.
En bonus, la touch ' Tarantino.
Cette originalité dans les personnages et leur psyché, cette Funkattitude, cette cruauté et cette beauté qui les caractérisent.

Les esclavagistes en prennent plein la tronche. 
Un Black et un Allemand lèvent le poing en l'air et dégainent de l’autre pour dézinguer des salopards de racistes.
Big Up !

Après Cates et Hammond: Schultz et Django



Le Buddy Movie, entre Jamie « Django » Foxx et Christoph « Dr King Schultz » Waltz, pulsionne à la perfection.
Nos deux héros nous font fantasmer l'explosion de la révolte contre l'esclavagisme.

Les Enculés (Siiii! On peut l'dire!)




L'esclavagiste « Calvin Candie » interprété par Leonardo DiCaprio est tout bonnement détestable.
Quand au personnage le plus sombre, dégeu et méchant de tous les Tarantino, j'ai nommé « Stephen », Samuel L Jackson y est atrocement génial.

Vas-y Django! T'arrêtes pas! Y reste encore des salauds!



« Django Unchained », sous ses oripeaux TarantinoleonnioCorbuccinien, est, probablement, le film le plus mature et maîtrisé de QT. Si!Si ! (n’en déplaise à Spike Lee).

Un film à l'image d'un plan.
Un plan de coupe, furtif et lourd de sens.
Entre la parabole et la métaphore...

Un champ de coton arrosé par les éclaboussures d'une gerbe de sang d'un pourri d 'esclavagiste :
Violent... Beau... Puissant.

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lundi 14 janvier 2013

LIFE OF PI

LIFE OF PI   (L’odyssée de Pi)

de Ang Lee / Aventure Drame / 2h05mn / 12 Déc 2012       

                                                                                                                  (En Salles)




Synopsis
En Inde, le Zoo des Patel doit fermer.
A bord d'un cargo en partance pour le Canada, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille, en compagnie de leurs animaux.
Au cours d'une terrible tempête le navire fait naufrage. Sur un canot de sauvetage, au milieu de l'océan, seuls rescapés du drame, Pi et un tigre du Bengale se battent pour survivre et, cohabiter...


Commentaires

La Foi

« L'Odyssée de Pi » est un magnifique film sur  la foi !

Annoncé comme ça, cela peut paraître déroutant... C'est clair, je vous l'accorde. Pourtant, cette aventure extraordinaire est bien là, ancrée, en chacun de nous.

Au delà du courage et de l'instinct de survie de son héros, cette œuvre est porteuse d'un message. Une missive fort puissante...
Une histoire contée avec brio, simplicité et humilité.
Le récit de la vie et de l'aventure de Pi Patel.


Un Ang Lee pour une mise en scène s'il vous plaît

« Life of Pi » (en anglais) est l'adaptation de « Histoire de Pi », roman multi récompensé, du canadien Yann Martel.
Sur le projet M.Night « Unbreakable » Shyamalan, Alfonso « Les Fils de l'homme » Cuaron ou encore Jean Pierre « Amelie Poulain » Jeunet ce sont passés, tour à tour, le relais.
Ce sera finalement, a l'oscarisé, Ang Lee qu'incombera la difficile tâche de porter ce fantastique récit à l'écran.

Ang Lee et le boat people Suraj Sharma (Pi)




Entre « Garçon d'honneur », « Tigre et Dragon » et « Brokeback Mountain », Ang Lee a su prouver un certain talent de conteur, délicat et sincère.

Un romancier qui a perdu foi en son dernier livre rencontre Pi, alors adulte. Pi lui fait le récit de son odyssée.

Le film, de part son propos, se prêtait, évidemment, admirablement bien à une mise en image onirique, au design et au style graphique, pure et esthétisant.

Le film tourné en 3D avec un tigre en CGI et des effets visuels à profusion aurait pu se farcir les pieds dans le tapis et se cantonner au « Monde de Narnia ».
Heureusement, ici, il n'en n'est rien.
Ang Lee a su utiliser et doser, avec cette justesse qui le caractérise , ses effets spéciaux.

Oh mon bateauuu oohooooh




La mise en scène exploite ainsi tout le potentiel des outils mis à sa disposition et nous présente alors, devant nos yeux embués, des CGI plus crédible qu'à l’accoutumée et une 3D, enfin, propre et réfléchi.
On avait pas vu ça depuis ?... 
Depuis « Avatar » (Oui le truc avec les gens tous bleus sur une autre planète pour nous faire zapper que le script original s'appelait : Danse avec les loups..bref... mais, ça aussi, c'est une autre histoire).


Aussi profond que l'océan

« Life of Pi », tout comme le roman, vous propose de croire ou non à l'histoire que le héros vient de nous conter.

Le processus d'identification de la réalisation est ici poussée à son paroxysme.
Jamais trop, pour ne pas nous brusquer, et, suffisamment, pour nous maintenir en éveil.

Impossible de ne pas s'identifier au romancier dont on a oublié le nom en sortant de la séance.

Notre romancier et Pi (adulte). C'est nous lui ou bien ?




Pourquoi ? Ben...entre autres chose, son personnage, c'est nous.
On est là, perdu, assis, face à Pi, à écouter le son de sa voix et découvrir les images, les goûts, les odeurs, la joie, la peur, la faim, la colère.... Toutes les sensations de son incroyable aventure .

Lors d'une scène, avant son départ sur le cargo, au cours d'un repas de famille, le jeune Pi se fait sermonner, sur sa foi et sa pratique religieuses (au pluriel car il se partage entre hindouisme, catholicisme et islam).
Son père lui demande alors d'utiliser sa tête, de se soumettre, en premier lieu, à la raison. Sa mère, tout en allant dans le même sens, lui parle de cœur, de croyance...
Cœur et raison... Raisons et sentiments ("Sense and Sensibility" de Ang lee en 95, c'est marrant ça !!)

Il en va ainsi tout au long de l'histoire, et dans chaque changement de séquence jusqu’à l'ultime fin du récit. « Life of Pi » est parsemé d'indices, de clés, de mots et de scènes qui nous invitent à ce que Ang lee, Yann Martel et son héros désirent en premier lieu; quelle aventure croire, se mettre en accord avec son âme, son esprit, écouter son coeur et ou rationnaliser. Choisir...

Keep the faith




-Pi a t il vécu un drame atroce à bord de son embarcation avec d'autres survivants qui se sont entre-tués ?
-Gérard Depardieu est il une hyène ?
-Pi a t il vécu une aventure aux limites de soi même en compagnie d'un tigre qu'il a cru dompter ?
-Pi n'était il pas tout simplement seul sur ce canot ? Ce tigre n'était il pas une image ou une facette de lui même ?
-Le tigre est il symbolique de la foi ?
-Pi a t'il été sur une île rempli de suricates ? Une île source de vie, fontaine de jouvence le jour ? Cannibale la nuit ?

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La Foi vous dis-je !

En fait, tout est, ici, affaire de croyance.
Dieu est partout...
Dans la quête spirituel du jeune Pi.
Dans sa rencontre amoureuse.
En famille.
Perdu dans l'océan en compagnie du tigre.
Sur l’île aux suricates.
A l’hôpital avec les assureurs japonais.
Dans ses joies et ses malheurs.
En compagnie du romancier en mal de confiance (ou plutôt de croyance).

En clair, il est omniprésent.

Voilà pourquoi « Life of Pi » est un film intelligent, beau et puissant.
C'est un film sur une quête spirituelle : la notre.

L'histoire ne pose simplement pas la question : quelle fin préférez vous ou tenez pour vrai ?

Mais, plutôt : En Quoi Croyez Vous ?


Teaser



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